Élaborée en 5 chapitres, l’exposition invite les publics à se questionner sur une recette contemporaine pour créer une île imaginaire à manger ou qui serait déjà dévorée. Couleur acidulées, matériaux composites ou faussement comestibles composent des perceptions multiformes qui remettent en perspective nos croyances édulcorées.
Un parcours d’exposition proposé en 5 chapitres
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Aurore Pallet, installation immersive, bâches, peintures, projections
Bouillir le lait, casser et battre les œufs en neige, fouetter et renverser la crème… Pour créer une île flottante, il nous faut donc casser, battre ou fouetter. Pris hors de leur contexte, ces verbes d’actions résonnent comme des appels à agir avec violence. En s’appropriant ce champ lexical culinaire, Aurore Pallet interroge l’image narrative, fictive et imaginaire de l’île flottante en proposant d’investir une allégorie mouvementée, celle d’une île dévorée par les catastrophes naturelles et humaines.
Sur des bâches suspendues, des murs au sol, les images peintes ou projetées en mouvement évoquent celles de cartes postales de vacances ou de vieilles photos souvenirs. La palette chromatique participe à diffuser une atmosphère si solaire qu’elle en devient toxique.
Réunir les ingrédients
Émilie Benoist-Gironière, installation immersive, matériaux mixtes
Des colorants alimentaires aux simili-carnés, notre façon de consommer révèle une orientation assumée vers la transformation de la matière pour faire illusion ou pour augmenter des propriétés perçues comme bénéfiques, grâce aux progrès de la chimie et de la science. En interrogeant les formes originelles biologiques et organiques jusqu’à leurs évolutions, mutations et falsifications par l’intervention humaine, Émilie Benoist-Gironière propose un diorama à grande échelle. Par ce dispositif illusionniste qui ”super-pose” les plans, l’artiste explore finalement la crédulité d’un artifice qui unit fiction et réel, art et sciences, expérience et éducation, nature et mythe, à une époque qui s’enquiert du concept d’anthropocène comme d’un moyen de transmettre notre présent aux futures générations.
Mélanger, expérimenter, fusionner
Dans la continuité de la salle précédente, le travail d’Emilie Benoist-Gironière se prolonge dans les escaliers du Carré de Baudouin. Les publics sont invité.es à suivre le chemin de l’œuvre au gré du mélange des matières. Entre formes organiques et artificielles, les textures s’apparentent à des excroissances aussi vivantes qu’oniriques, dans une fusion en pleine mutation.
Emma Seneze, dessins monumentaux et tapisseries
En contemplant les nuages ou les eaux d’un lac, l’œil peut percevoir des formes poétiques familières (un animal, un visage, un végétal…). Ces paréidolies sont des illusions qui nous échappent autant qu’elles nous sont propres. En investissant le ciel blanc de sa feuille avec ses encres, Emma Seneze laisse des figures insulaires apparaître. Pour questionner cette distorsion perceptive, les publics sont invité.es à s’asseoir, voir à s’allonger sur des tapisseries au sol sur des petits îlots créés par l’artiste. Du sol au plafond, la verticalité du regard permet d’observer les contrées terrestres, liquides ou célestes d’Emma Seneze.
Servir à table
Émilie Benoist-Gironière, Aurore Pallet, Emma Seneze, installation immersive, matériaux mixtes
Passer à table, faire table rase ou table ronde… Le petit tour de table des expressions est ”sans faim”. Entre îlots suspendus et banquets volants, les trois îles flottantes de cette installation invitent les publics à découvrir les dessous-de-table des ”bons vivants” de notre humanité. Cet archipel navigue entre les revers équivoques des images d’Aurore Pallet, les textures agglomérées d’Émilie Benoist-Gironière et les eaux aussi limpides que troubles d’Emma Seneze.